Huiles essentielles sauvages, de population et chemotypée

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« Bonjour, je voudrais une huile essentielle de Lavande ? »

Est-ce réellement aussi simple que cela ? Une huile essentielle prend les caractéristiques de son terroir. Elle parle de son environnement, du climat des derniers mois, du stade ou la plante a été récoltée. C’est en quelque sorte l’« âme » des plantes aromatique, … c’est donc tout une histoire !

…enfin ça devrait être tout une histoire. Il peut arriver que l’on sente une huile essentielle et que cette histoire n’arrive pas jusqu’à nous.

Peut-être n’est-on pas assez attentif ou peut-être manque-t-il quelque chose dans le flacon ?

Si vous avez des doutes, faites donc le test.

Je suis sûre que beaucoup de personnes que vous connaissez ont en leur possession une huile essentielle de lavande vraie. On l’appelle aussi lavande fine ou officinale ; c’est le couteau suisse des huiles essentielles, s’il faut en choisir une et pas une autre c’est bien la lavande vraie ! (Un article viendra bientôt pour expliquer les différences entre les différentes lavandes : aspic, lavandin, vraie.)

Asseyez-vous tranquillement et prenez le temps de sentir différentes huiles essentielles de lavande. Pas de doutes, tout le monde sera d’accord pour dire qu’il s’agit bien de lavande vraie.

Cette olfaction vous dit-elle autre chose ?

huile essentielle de lavande vraie

Une préférence peut-être, ou encore une très différence d’odeur entre les flacons… malgré tout le vocabulaire que nous possédons, les mots sont trop pauvres pour rendre compte de la richesse des notes du parfum des huiles essentielles. La subtile « chimie verte » élaborée par les plantes au fil des âges n’a rien à envier aux substances odorantes de synthèse, une lavande vraie contient environ mille deux cent molécules différentes …

Encore plus curieux ?

Faites le test quelques jours, semaines plus tard et vous découvrirez qu’une huile essentielle est vivante, l’odeur évolue au fil des jours.

Choisir une huile essentielle c’est comme choisir une bonne bouteille de vin. D’abord l’odeur, puis les sensations qu’elle nous procure…faites confiance en votre intuition. Si en plus vous achetez une huile pour vous soignez le choix devrait encore plus se prendre en conscience pour bénéficier au maximum des vertus de cette merveilleuse petite fiole. 

Que signifie huile essentielle « sauvage » ?

Une huile essentielle sauvage provient de la distillation de plantes cueillies dans la nature. C’est-à-dire dans le lieu de prédilection de la plante. Ce n’est pas l’humain qui a décidé que la plante poussera à cet endroit. Est-ce que cela change vraiment quelque chose ?

Lavande vrai sauvage
lavande fine sauvage

Reparlons de notre lavande, celle-ci pousse naturellement en méditerranée mais vous pouvez en retrouver cultivé en Alsace. La différence ? L’Alsacienne sera bien plus dodue avec de beaux fleurons tandis que la Méditerranéenne sera plus petite avec des fleurons beaucoup plus petits. Si vous vous rapprochez d’un peu plus près vous serez surpris de la différence d’odeur… je vous laisse devinez celle qui vous envoutera !

Une plante qui est dans son environnement naturel développera des principes actifs bien particulier. La mise en culture peut être très intéressante car elle préserve les ressources naturelles. En effet la cueillette de plantes sauvage doit se faire avec beaucoup de respect. L’idée n’est pas de piller mais d’entretenir les sites de cueillette pour que ceux-ci soient durables dans le temps. Certaines plantes sont tellement fragiles, qu’il faut veiller à cueillir seulement une année sur trois, pour certaines racines la cueillette d’une station devra se faire tous les 20 ans (exemple : gentiane).

Les plantes aromatiques et médicinales sont à l’opposé des légumes. Pour avoir de beaux légumes, il faut qu’ils aient reçu les meilleurs soins : de l’eau, un apport en fumier… Pour avoir des plantes aromatiques et/ou médicinales de qualité, il faut que celles-ci aient poussées dans des conditions un peu difficiles, c’est là qu’il faut trouver le juste milieu, l’équilibre ! Une plante développe (une partie) de ces substances aromatiques pour répondre aux contraintes de l’environnement (sècheresse par exemple) ; pour se défendre d’une agression extérieure (herbivores, pathogènes) ou encore pour favoriser les interactions avec les microorganismes du sol ou faciliter la dispersion du pollen et des graines. (Raven et al., 2006 ; Vokou et Liotiri, 1999 ; Margaris et Vokou, 1982).

Notre lavande alsacienne sera magnifique visuellement car elle aura reçu beaucoup d’eau (l’alsace est un très beau pays qui reçoit une quantité d’eau « légèrement » supérieur à la méditerranée). Quant à notre lavande méditerranéenne, pour limiter son dessèchement elle aura produit un peu plus d’huile essentielle. Mais si notre lavande de méditerranée est cultivée et reçoit beaucoup d’eau grâce à l’irrigation qu’est-ce que cela donne ? … je vous laisse vous faire votre propre avis.

lavande irriguée

Huile essentielle de « population » /  « clonale »

Encore un nouveau terme. Une culture de population est un champ ou toutes les plantes qui poussent sont différentes. C’est à l’opposé de la culture clonale ou tous les individus sont les mêmes. Une huile essentielle de population sera beaucoup plus riche en termes de diversité de principes actifs qu’une huile essentielle clonale.

Chemotype

Sur certaine huile essentielle on cherche à obtenir une molécule bien particulière c’est le cas du thym à thuyanol. On parle alors de « chemotype », quézako ?

Un chemotype est définit par une « spécificité biochimique » d’une plante liée au sol et au climat.  Vous pouvez vous balader dans la nature est voir du thym, visuellement vous ne verrez pas de différence entre les différents chemotypes car botaniquement les plantes seront similaires. C’est l’odeur et l’analyse chimique qui permettront de révéler des composés majoritaires différents selon les plantes. Cette notion de chemotype est fortement liée au sol et au climat sur lequel pousse la plante. Ce qui est extrêmement compliqué car les variations de chémotype peuvent se produire sur de très faibles distances, de l’ordre de quelques dizaines de mètres. Ce n’est pas toujours le cas mais vous pouvez avoir des populations de thym a thuyanol juste à côté de population de thym a linalol…imaginez donc le casse-tête pour le cueilleur !

Il est donc extrêmement rare d’avoir de l’huile essentielle sauvage de thym chemotypé. Vous trouverez du thym sauvage qui sera souvent un mélange de différents chemotypes, il y aura forcément une prédominance d’une molécule (linalol, carvacrol…il en existe 7 ! ) en fonction du sol et du climat ou a été cueillit le thym.

Sur certaines espèces comme le thym, le romarin, l’hélichryse, le chémotype joue un rôle très important car il va caractériser les propriétés thérapeutiques de l’huile essentielle. Dans ces cas précis, la culture apporte donc une solution intéressante. Dans la pratique, les producteurs récupèrent des clones de plantes chemotypées pour avoir la molécule tant recherchée. Il est alors possible de cultiver un chemotype bien définit dans un sol et un environnement différents des conditions naturelles du chémotype en question. Vous me suivez toujours ?

…La nature reprends toujours ces droits ! Au bout de quelques années, le clone chemotypé va à nouveau être influencé par le sol et le climat ou il pousse. Au fil des années, le pourcentage de molécule tant recherchée aura tendance à diminuer.

Personnellement, je trouve que vouloir mettre tout dans une case en classifiant (linalol, carvacrol, thuyanol…) réduit la plante a une molécule, le côté « totum » du végétal est un peu oublié…mais il faudra un autre article pour parler de ce sujet !

Il reste encore tellement à dire sur les huiles essentielles, car l’extraction de la quintessence d’une plante est nécessairement une opération complexe et délicate.

Rappelez-vous comment le parfum d’une fleur, même la plus odorante, s’échappe en se dispersant dans l’air ambiant. La distillation a pour but de capter cette odeur, c’est pourquoi on dit qu’il s’agit d’un procédé alchimique mais cette histoire là sera pour une prochaine fois !

Belle journée.

Pauline de Théus

Si vous voulez sentir notre huile essentielle de lavande fine c’est par ici : https://www.lessensdetheus.fr/product-category/phytotherapie/huile-essentielle/

3 Commentaires sur “Huiles essentielles sauvages, de population et chemotypée

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